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Recherche-action :

La précarité énergétique, vécue par des habitants des régions du Borinage et du Centre, en particulier les femmes et les personnes âgées

Generation and Gender ENergy DEprivation: Realities and Social policies

En collaboration avec Willy Lahaye, Françoise Fournier et Amélie Sibeni. 2013-2017.

Ce projet interuniversitaire est soutenu par Belspo, associe L’UMons, l’Université d’Anvers et l’UCL.

Présentation :

    Ce travail est né d’une demande de collaboration de l’UCL, désireuse que le Service des Sciences de la Famille de l’UMONS prenne part à un projet interuniversitaire (UCL, UMONS, Université d’Anvers) concernant la précarité énergétique. L’un des intérêts de cette recherche est qu’elle porte une attention particulière aux questions de genres et de générations. En ce qui nous concerne, nous nous centrons davantage sur l’aspect qualitatif qui peut y être apporté.

 

    Au travers de cette étude, nous souhaitons mettre en lumière le vécu des personnes en précarité énergétique[1]. Pour ce faire, nous utilisons l’enquête de terrain afin de donner la parole aux individus directement touchés par ce sujet et de leur permettre de partager leur expérience. Cette approche offre la possibilité d’interroger au plus près les différentes pratiques, habitudes de nos interlocuteurs. Il s’agit donc là d’un processus de recherche qui prend en compte les contextes de précarités sociales, les dimensions psychosociologiques de la problématique et qui peut conduire à un enseignement qui s’inscrit dans les environnements de vie et les réalités des interviewés.

 

     Ces personnes en difficultés se trouvent confrontées à une double contrainte. Elles se voient assaillies par différentes prescriptions (impératif de réduire la facture de chauffage, obligation de paiement de cette dernière) auxquelles elles sont incapables de répondre (tant dû au fait du contexte matériel, social, qu’économique). Aussi, face à un tel paradoxe, nous nous attardons sur cette tension incessante et stressante que vivent les ménages en précarité énergétique. Nous insistons sur cet écart entre les situations vécues par nos interlocuteurs, les injonctions qui leur sont adressées et leur capacité d'agir dans leur réalité et circonstances de vie.

 

     Aussi, plongés dans de tels contextes d’insécurité, le stress et l’angoisse sont omniprésents. Dès lors, dans cette position, quelles stratégies ces individus mettent-ils en œuvre pour s’adapter ou résister aux modifications dans les routines quotidiennes imposées par leur logement, leur situation socio-économique ? Quels rapports entretiennent-ils avec un « chez soi » (qui peut s’avérer inconfortable), un travail (précaire, voire inexistant), des loisirs (rares ou absents) ? Telles sont quelques-unes des questions qui nous interpellent et auxquelles nous tentons de répondre au cours de notre recherche.

 

     En outre, bien que la précarité énergétique s’avère être un phénomène multidimensionnel, lié non seulement, au logement mais aussi, à l’instabilité socio-économique que connaît notre pays, nous nous intéressons, également, à des vulnérabilités spécifiques qui précarisent la capacité de gestion de l’énergie. Ainsi, nous portons une attention particulière aux contraintes et inégalités de genres, mais aussi de générations, ainsi qu’aux rapports (confiance/défiance) qu’entretiennent les individus en précarité énergétique avec les institutions susceptibles de leur fournir un soutien.

 

     Toutefois, bien que rencontrant différentes formes d’adversités liées à la précarité énergétique, les personnes touchées disposent de sphères de « rétablissement » et de soutien pour mieux gérer leur situation. Nous investiguons ces supports. Ainsi, pouvoir s’appuyer sur divers réseaux (familial, amical), bénéficier d’une possibilité d’accès à l’emploi (non seulement comme apport financier mais aussi comme source de contacts, de reconnaissance et d’intégration sociales), bénéficier de l’accès à une meilleure aide, participer à des activités qui donnent une place et font support social, peuvent être des points d’appui face à la précarité énergétique.

 


[1] Une personne est en PE lorsqu’elle rencontre des difficultés particulières, dans sa demeure, à jouir de la quantité d’énergie suffisante pour combler ses besoins élémentaires, notamment, à cause de ses conditions de logement et de ses ressources inadaptées (Rapport Pelletier (2009, in Tyszler et al., 2013), Palt (2010, in Huybrechs et al., 2011)).

HUYBRECHS, F. MEYER, S. et VRANKEN, J. (2011). La précarité énergétique en Belgique. Rapport final.

TYSZLER, J. BORDIER, C. et LESEUR, A. (2013). Lutte contre la précarité énergétique : analyse des politiques en France et au Royaune-Uni. Etude climat n°41