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Foire aux questions : Réponses écrites

A. La régulation des espaces / les bancs de réflexion

1. Est-ce que le fait de mettre les élèves dos au mur (pour mettre fin au conflit) au lieu d’avoir des bancs de réflexion est aussi efficace ? Si non pourquoi ?

Non, parce que le fait de mettre les élèves « dos au mur » constitue incontestablement une punition (avec en sus une dimension humiliante) alors que l’idée de les faire assoir sur le banc n’en constitue en aucune façon une. Le but poursuivi est, à travers les bancs de réflexion, de signifier à l’enfant que l’adulte n’est pas là pour gérer les conflits mais pour les empêcher. La gestion des confits, si elle est nécessaire parce que le conflit a eu retentissement émotionnel sur l’un ou l’autre des enfants, est renvoyée à « l’espace de parole régulé » au sein duquel l’élève aura l’occasion d’évoquer l’émotion mise à mal. Par ailleurs, si le conflit doit être sanctionné parce qu’un élève (où les deux) ont enfreint une loi (injure raciste, atteinte à l’intégrité physique, etc...), c’est le conseil de discipline qui sera sollicité. Le banc de réflexion ne doit donc en aucune façon apparaitre comme une forme de punition mais comme une manière de faire qui concrétise la volonté de l’adulte de ne pas autoriser le conflit sur l’espace qu’il doit contrôler (c’est pour cela que les bancs de réflexion sont généralement peints dans une couleur gaie et que les enfants peuvent continuer à parler avec leurs copains ou jouer quand ils sont assis sur le banc). Le but n’est pas de les sanctionner mais de les évacuer de la zone qu’ils ont rendue conflictuelle. C’est exactement ce que feraient des parents en envoyant dans leurs chambres respectives deux enfants qui se disputeraient dans le salon.

2. Comment réguler l’espace du préau lorsqu’il s’agit d’un préau de ce type (image internet) ? Pas assez d’espace pour séparer les zones ni pour installer une télévision… et ils ne veulent pas rentrer les enfants dans un local.

Le préau doit être régulé en imposant que dans l’espace qu’il contient la seule règle possible est de ne pas courir et de jouer sans ballon. Cette disposition suppose de recourir à des stimulations enrichies (jeux de société, livres qui ne sortent qu’à cette occasion, participation active de l’adulte aux jeux, et... quand cela est possible, télévision...). 

 

3. La cour des maternelles est juxtaposée à la cour des primaires… faut-il mélanger tous les élèves et faire des zones pour tous (peut être dangereux pour la zone ballon) ou faire des zones en maternelle et en primaire ?

L’idéal est, lorsque c’est possible, de séparer les maternelles des primaires. La régulation de la cour maternelle est « simplifiée ». Deux zones (courir, ne pas courir) suffisent et l’espace « ballon » est généralement avantageusement remplacé par des « moments » ballons.

4. Comment calculer le nombre de cartons jaunes donnés à un élève ?

Il n’y a jamais plus d’un carton jaune par élève et par récréation... Au deuxième carton jaune pour une même récréation, c’est évidemment la rouge... comme en foot.  

 

Rappel :

 

       -  Carton jaune = répéter la règle et toucher le mur. 

 

       -  Carton rouge = exemple de sanction négative :  recopier un texte.

 

Ce n’est pas grave s’il n’y a pas de suivi entre la distribution des cartes d’une récré à l’autre (passation entre les auxiliaires et les enseignants...). Chacun surveille le territoire à un moment donné (remise « à zéro » des cartons à chaque nouveau surveillant).

 

5. Une sanction peut être vue comme « positive » par certains élèves… Faut-il faire une sanction adaptée à chaque élève ?

Par définition, une sanction, contrairement à une punition peut être positive OU négative. La punition vise la simple extinction du comportement précis vécu comme indésirable (il s’agit en gros d’un renforcement négatif) alors que la sanction signifie un coup d’arrêt justifié par un fait considéré comme remarquable.   

 

6. L’espace du préau est utilisé pour le sport et pour la récréation, les règles doivent-elles être appliquées ou peut-on les différencier selon le moment ?

Bien entendu. Tout ce qui ne peut se gérer dans l’espace, ce module dans le temps.  

 

7. Que se passe-t-il si plusieurs élèves doivent être mis sur le banc de réflexion ?

Le but du banc de réflexion est que l’adulte puisse dire « Stop, je ne veux pas de conflit dans la zone que je surveille ! ». Il ne faut pas que les bancs soient ressentis comme une punition, aussi il faut de préférence qu’ils soient dans une couleur « fun ». Plusieurs enfants peuvent se retrouver sur un même banc, tant que le conflit ne les concerne pas.

 

8. En cas d’exclusion d’un élève après un carton rouge, il est exclu de la cour de récréation. Où peut-on l’envoyer ensuite si personne ne gère les locaux ? Peut-on les placer au mur ?

Oui, on peut les placer au mur. N’importe quelle punition tant que l’enfant n’est pas envoyé aux bancs de réflexion, qui ne sont pas conçus pour.

 

9. Bancs de réflexion : comment s’assurer que les élèves ne vont pas vouloir se battre à nouveau ou qu’ils vont rester sur le banc ? (Certains disent avoir réfléchi mais se relèvent 30 secondes après).

Pas de problème, du moment qu’ils cessent le conflit et montrent qu’ils ont compris le message selon lequel l’adulte ne tolère pas les conflits sur les territoires qu’il entend contrôler. S’ils entrent à nouveau en conflit, la situation doit alors être renvoyée devant le conseil de discipline sous le motif que « l’élève ne respecte pas une structure de l’école ».   

 

B. Les espaces de parole régulés (EPR)

1. Une enseignante a fait remarquer que régler les conflits en EPR revenait à « reporter » celui-ci à la titulaire… que répondre dans ce cas ?

Tout dépend de l’école et de la définition qui est donnée au rôle, à la fonction et au statut du titulaire. 

 

2. Faut-il mettre une durée spécifique pour un espace de parole ? (niveau ? P1 – P2, etc).

Chaque enseignant élabore ses Espaces de Parole Régulés comme il le souhaite, à partir du moment où il respecte les 5 règles.

 

3. Que faire lorsque les élèves n'appliquent pas les solutions qui sont trouvées dans les espaces de parole ?

L’enseignant peut prendre la parole dans l’Espace de Parole Régulé pour exprimer ce problème.

 

C. Le conseil de discipline

1. Conseil de discipline : l’élève doit-il obligatoirement avoir recours à un porte-parole ? Dans le cas où il n’en demande pas, peut-il lui-même assurer sa défense devant le conseil ?

Il ne s’agit pas de « faire entendre sa défense » mais de faire écouter sa voix. A travers le porte-voix, l’élève n’est pas amené à se justifier pas mais à s’expliquer. Il peut toutefois le faire sans avoir recours au média qui lui est proposé mais il doit savoir que ce qu’on attend de lui c’est avant tout une explication de son comportement.   

 

2. Peut-on envoyer des élèves de maternelle au conseil de discipline ?

Oui, un enfant de maternelle peut être envoyé au conseil de discipline. Plusieurs choses sont à retenir cependant :

 

- l’importance du porte-voix : l’élève choisit l’enseignant, il choisira quelqu’un à qui il peut s’expliquer (pas se justifier).

 

- les sanctions probatoires en maternelle sont des délais très courts (en jours).

 

- Réunion du conseil dans les jours qui suivent la situation problématique (et la sanction probatoire doit être courte aussi).

 

- Sanction qui peut être demandée à cet âge : dessiner en noir sur un dessin en couleur mais sans dépasser (si dépassement à recommencer). Pour les maternelles, le simple fait de passer devant le conseil de discipline suffit pour que l’acte ne se reproduise plus.

 

3. Et pour les élèves de l’enseignement spécialisé ?

Sanction probatoire de 2 jours (très court aussi). S’il y a récidive, on raccourcit le délai probatoire et on augmente la sanction.

 

4. Quel type de sanction appliquer au conseil de discipline ? Proposer une échelle de sanction en fonction de la gravité des faits ? (Violences visibles ?)

Précisions :

 

 

 

- Une sanction immédiate peut être prononcée même si l’enfant est envoyé au conseil de discipline (avec cette fois mise en place d’une sanction probatoire).

 

Dans le cas où il y a sanction immédiate, celle-ci doit avoir un lien avec le comportement problématique. Par exemple, une sanction réparatrice pour un élève qui tague un mur = le nettoyer.

 

 

Par la suite, le conseil de discipline est réuni pour envisager une sanction probatoire.

 

Concernant la hiérarchisation des sanctions : c’est la direction qui décide des sanctions à appliquer en fonction du climat de l’école si l’équipe éducative ne sait pas se mettre d’accord. Il faut une gradation dans la sanction. Les enseignants et direction doivent réfléchir à quelle sanction vaut dans leur école.

 

Rappel : une sanction ne doit pas être intelligente même si les parents l’exigent.

 

Exemple de sanction négative : recopier un texte avec des couleurs différentes pour les voyelles et les consonnes ; recopier un texte 20 fois, …

 

5. Quand envoyer un enfant au conseil de discipline ?

Dans les six situations fixées.

 

Quand il y a menace : si un élève en menace un autre (menace d’agression physique), il sera convoqué au conseil de discipline (« Gros *** je vais te casser la ***** » à conseil). Si ce n’est pas le cas (insulte : « gros *** « à pas de conseil de discipline).

 

Bagarre : conseil de discipline.

 

Simulacre de bagarre : bancs de réflexion

 

Le Conseil de discipline n’est pas spécialement synonyme de sanction très lourde, mais les sanctions lourdes (type : jours de renvois) seront prises au Conseil de D.

6. La sanction probatoire…

- Est publique (parents informés)

 

- Doit être dissuasive, pas forcément intelligente. Elle doit demander un « effort » de la part de l’élève.

 

- Elle n’est pas forcément automatique : cela dépendra de la gravité des faits. Une sanction immédiate peut être prise PUIS un conseil de D. met en place une sanction probatoire.

 

D. Questions diverses

1. Que faire quand les problèmes de harcèlement n’ont lieu que sur les réseaux sociaux et qu’il n’y a pas ce phénomène visible à l’école ?

Le cyber-harcèlement est un espace VIRTUEL qui prend TOUJOURS appui sur des relations réelles. Facebook et les réseaux sociaux ne sont que des médias qui, à ce titre, offrent une caisse de résonance aux situations effectivement vécues dans le réel (pour plus de 85%, elles concernent des élèves d’une même classe). La violence invisible, par définition, ne se voit pas. C’est pour cela que l’on met en place des espaces de parole sécurisés au sein desquels elle est amenée à se révéler parce que l’élève en difficulté perçoit que sa prise de parole se fera dans un cadre régulé et maitrisé par l’adulte.   

 

2. Que faire lorsque l’élève harcelé « attaque » physiquement son harceleur ?

Dès qu’il y a agression (atteinte à l’intégrité physique) la situation est renvoyée au conseil de discipline. L’élève harcelé utilisera alors le « porte-voix » pour évoquer ce qu’il vit. Celui-ci disposera ainsi de la latitude de l’orienter vers l’espace de parole régulé. La sanction nécessairement probatoire permettra de mettre l’accent sur l’idée qu’il est interdit d’agresser physiquement tandis que l’aspect probatoire de la sanction assorti du renvoi vers l’espace de parole donnera à l’élève harcelé le sentiment qu’il a été véritablement écoutée.  

 

3. Est-il envisageable de réguler les trajets en bus ? (L’école à Hotton dispose de trois bus pour ramener les enfants chez eux mais des problèmes sont rencontrés lors des trajets).

Il est important de réguler les trajets de bus surtout en enseignement spécialisé. Pour cela, l’idée est de faire des Espace de Parole Régulés EPR) directement organisés par les convoyeurs en sortant du bus en plus de ceux organisés par les enseignants. Ceux des enseignants doivent être stables et récurrents, les autres peuvent se former si besoin (dans ce cas, il s’agit des chauffeurs de bus, mais pas seulement… Cela pourrait être des profs de gym par exemple).

 

4. Comment agir face aux élèves qui ont des crises de colère ? Existe-t-il un moyen de leur permettre de se défouler ?

On peut prévoir des coins de violence régulée (à voir en fonction de l’opinion de l’école à ce sujet). Par contre, il faut impérativement y instaurer un cadre très strict avec un adulte fort.  

 

Dans le cas de l’enseignement spécialisé un tableau avec des post-it peut être organisé. L’enfant pourra y mettre un message. Quand le problème est réglé il retire le post-it, sinon le problème sera réglé en espace de parole.

 

5. Que faire dans les "cas exceptionnels" ?

S’il s’agit d’une grosse problématique individuelle ou interindividuelle (peut générer du harcèlement) entre les personnes, il faut faire appel aux services spécialisés.

6. Silence dans les couloirs ? Comment l'appliquer ? Quelles sanctions ?

On ne régule pas forcément tous les couloirs mais seulement les endroits (des zones de « silence ») devant les classes par exemple.

 

7. Est-il intéressant d’instaurer des zones « GSM » dans le secondaire ?

Excellente idée à appliquer. Généralement il y a des zones d’interdiction de GSM où les élèves doivent déposer leur GSM à un endroit prévu (souvent dans les internats).

 

8. Que faire quand un élève sort l’argument : « Mes parents ont dit que je devais me défendre"

Expliquer qu’il y a des lois à l’école qui sont les lois de la société en général. Dès qu’on est hors la loi, le rôle de l’école est de la faire respecter via le conseil de discipline.

 

9. Que penser du principe des « Petits patrouilleurs » qui guident les élèves dans les bonnes zones (puis appellent l’enseignant si un élève enfreint plusieurs fois la règle) ?

Très positif mais attention aux termes utilisésà ne pas appeler ça « petit patrouilleur ». Les termes tels que « Parrains, marraines de la cour » ou « Citoyens responsables »,… sont à préférer.

 

Ne doit pas être toujours le même élève et ne doit pas donner de pouvoir à l’élève non plus.

 

10. Quels sont les rôles des différents acteurs ? (AMO, ALE, Parents, CPMS)

Parents : connaître le dispositif. Ils sont des acteurs externes du projet puisqu’ils peuvent l’activer depuis l’extérieur.

 

PMS : soutien de la mise en place du projet. Soutien de l’enseignant et du parent (coéducation).

 

AMO : idem CPMS mais peuvent être activés par l’enfant directement. Aide à l’enfant dans son milieu de vie. Très variable d’un endroit à l’autre. Plus souple mais moins solide que les PMS.

 

ALE : appliquer et respecter les règles.

 

Médiateurs, équipe mobiles : dénouer les conflits dès qu’un tiers est exigé (par l’école qui par exemple n’arriverait pas à trouver de solution).

 

11. Cour maternelle et  cour primaire mélangées ? Volonté de séparation mais les élèves demandent à pouvoir voir leur frère – sœur etc…

Dans ce cas, il faut prévoir un espace de rencontre (petite zone orange par exemple)…on se rendra rapidement compte que la principale motivation des plus grands était de venir chez les maternelles pour les embêter.

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